audiard.net
Merci Emmanuel Giguet et Dominique Fournier,
avec la complicité de Jean-Marie Mele
Extraits de films disponibles
Les tontons flingueurs Les barbouzes Flic ou voyou
et la scène de la cuisine !! Le Pacha Mélodie en sous-sol
Un singe en hiver Le cave se rebiffe Ne nous fachons pas
100.000 dollars au soleil La grande sauterelle Faut pas prendre les enfants...
Alors, merci qui ?

Un singe en hiver
Un film de Henri Verneuil avec
Jean Gabin, Jean-Paul Belmondo, Suzanne Flon et Paul Frankeur.

 


- Matelot Hénault Lucien, veuillez armer la jonque, on appareille dans cinq minutes.
- C'est parti
- Albert, je vous en prie, vous n'allez pas encore tout me saloper comme la dernière fois.
- Madame, le droit de navigation sur le Yang Tse Kiang nous est formellement reconnu par la convention du 3 août 1885. Contesteriez-vous ce fait ?
- Je ne conteste rien. Je vous demande simplement de ne pas tout me casser comme l'autre jour.
- Oh... mais pardon ! L'autre jour, les hommes de Chung Yang Tsen ont voulu jouer au con. Heureusement que j'ai brisé la révolte dans l'oeuf, sans barbarie inutile, il est vrai. On n'a coupé que les mauvaises têtes le matelot Hénault peut témoigner.
- Sur l'honneur.
- Bon. Nous allons donc poursuivre notre mission civilisatrice. Et d'abord, j'vais vous donner les dernières instructions de l'Amiral Guépratte, rectifiées par le Quartier-Maître Quentin ici présent. Voilà : l'intention de l'Amiral serait que nous perçions un canal souterrain qui relierait le Wang-Ho au Yang-Tse-Kiang.
- Le Yang Tse Kiang... bon...
- Je ne vous apprendrais rien en vous rappelant que Wang Ho veut dire fleuve jaune et Yang Tse Kiang fleuve bleu. Je ne sais si vous vous rendez-compte de l'aspect grandiose du mélange : un fleuve vert, vert comme les forêts comme l'espérance. Matelot Hénault, nous allons repeindre l'Asie, lui donner une couleur tendre. Nous allons installer le printemps dans ce pays de merde !

- Avoue qu'c'est quand même une drôle d'heure pour arriver, surtout de ce temps-là.
- Ah! les voyageurs c'est fait pour voyager, le temps n'a rien à voir là-dedans.
- Droit au coeur, messieurs !
- Si tu crois que c'est le moment de faire le zouave.
- Je m'demande madame c'que les zouaves viennent faire là-dedans. Quartier Maître Quentin du corps expéditionnaire d'extrême-orient. Garde à vous ! Envoyer les couleurs.
- Ah! Nous y voilà. Ma bonne Suzanne tu viens de commettre ton premier faux pas. Y'a des femmes qui révèlent à leur mari toute une vie d'infidélité, mais toi, tu viens de m'avouer quinze années de soupçon. C'est pire. Note bien qu't'as p't-être raison. Qui a bu boira. Ça faut reconnaître qu'on a le proverbe contre nous.
- Messieurs, votre accueil me bouleverse mais ne saurait égarer mon jugement. J'ai tout de même pas mal voyagé, c'qui me permet de vous dire en connaissance de cause que votre pat'lin est tarte comme il est pas permis et qu'il y fait un temps de merde.
- Je suppose que monsieur plaisante...
- Absolument pas.
- Vous savez combien y'a eu de jours de soleil en Juillet. 17.
- Soleil de mes fesses! Vous savez pas c'que c'est qu'le soleil! Vous l'avez jamais vu, vous!
- Pourquoi buvez-vous?
- La question m'a déjà été posé monsieur le proviseur.
- Probablement par des gens qui vous aiment bien.
- Probablement. Claire me la posait trois fois par semaine: devait m'adorer.
- Ah parce que tu mélanges tout ça, toi ! Mon espagnol, comme tu dis, et le père Bardasse. Les Grands Ducs et les boit-sans-soif.
- Les grands ducs...
- Oui monsieur, les princes de la cuite, les seigneurs, ceux avec qui tu buvais le coup dans le temps et qu'on toujours fait verre à part. Dis-toi bien que tes clients et toi, ils vous laissent à vos putasseries, les seigneurs. Ils sont à cent mille verres de vous. Eux, ils tutoient les anges !
- Excuse-moi mais nous autres, on est encore capable de tenir le litre sans se prendre pour Dieu le Père.
- Mais c'est bien ce que je vous reproche. Vous avez le vin petit et la cuite mesquine. Dans le fond vous méritez pas de boire. Tu t'demandes pourquoi y picole l'espagnol ? C'est pour essayer d'oublier des pignoufs comme vous.
- Écoute ma bonne Suzanne. T'es une épouse modèle.
- Oh...
- Mais si, t'as que des qualités et physiquement, t'es resté comme je pouvais l'espérer. C'est le bonheur rangé dans une armoire. Et tu vois, même si c'était à refaire, je crois que je t'épouserai de nouveau. Mais tu m'emmerdes.
- Albert ?
- Tu m'emmerdes gentiment, affectueusement, avec amour mais tu m'emmerdes.
- t'es qui?
- Ah toi tu ferais mieux de t'en tenir là avant que tes espagnolades te r'prennent!
- Monsieur Hénault, si la connerie n'est pas remboursée par les assurances sociales, vous finirez sur la paille.
- Dis donc p'tit mal poli, tu veux que j't'apprenne!
- Monsieur Hénault, je vous interdis de tutoyer mon homme de barre. J'vous ai d'jà dit qu'vous n'étiez pas de la même famille.
- Alors toi j'te préviens si t'es venu pour me donner des ordres, j'vais vous virer tous les deux à coups de pompes dans le train !
- Ici, non plus c'est pas très authentique mais avec le vent du Tibet ça peut faire illusion. Tenez mon vieux, si j'vous disais que certains soirs, hein, derrière ce mur là, et bah j'ai vu, pas cru voir, j'ai vu une ville, des tramways, la foule, des drames...

[haut de page]

100.000 dollars au soleil (1963)
Un film de Henri Verneuil avec
Bernard Blier, Lino Ventura et Jean-Paul Belmondo

- Dis-moi, Plouc... dis-moi la vérité. Est-ce que je suis une putain ?
- Bah... Enfin... Tu couches toujours avec tout le monde. Enfin, je veux dire avec les copains ?
- Oui.
- Et y'en a pas un dès fois qui t'aurais refilé de l'oseille ?
- Non.
- Et bah alors ! T'es not'petite Angèle, c'est tout.
- Tiens, ça me rappelle ma finlandaise. Tu la connais mon histoire avec la finlandaise ?
- Oui.
- Bah toi qui la connaît pas tu vas te poiler ! Figure toi qu'un jour sur la piste d'Ibn Saoud, j'tombe sur un p'tit ingénieur des pétroles avec sa Land Rover en rideau. Il avait sa bonne femme avec lui, là, une grande blonde avec des yeux qu'avaient l'air de rêver et puis un sourire d'enfant : une salope quoi. Moi je repère ça tout de suite parce que les femmes c'est mon truc.
- Et son mari n'a rien dit ?
- Non... tu sais, quand les types de 130K disent certaines choses, ceux de 60K les écoutent.

[haut de page]

Faut pas prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages (1968)
Un film de Michel Audiard avec
Bernard Blier et Marlène Jobert

- J'ai bon caractère mais j'ai le glaive vengeur et le bras séculier. L'aigle va fondre sur la vieille buse.
- Ça c'est chouette comme métaphore.
- Ce n'est pas une métaphore c'est une périphrase.
- Ah fait pas chier !
- Ça c'est une métaphore.
- Debout, face au mur et les paluches en l'air... que j'les vois bien.
- On est chargé à la magnum. Si vous bougez seulement les oreilles, on vous coupe par le milieu.
- Tend lui ta main, Fred.
- Si je lui tends, ce sera au travers de la gueule ! Après ce qu'elle m'a fait, parce que j'sais pas si t'es au courant
- Pêché d'jeunesse...
- A coup de pompe dans le oigne que j'l'a r'cevrai... Même pas, à coup de tisonnier ! Ça la redressera, c'te salope.
- La connerie à ce point-là, moi, j'dis qu'ça devient gênant.
- Quand j't'ai balancé le coup, on avait bien convenu de marcher fifty-fifty, hein ? 500 briques chacun ?
- C'est pas inhumain d'entendre ça ! Mais qu'est-ce que tu veux que je fasse avec 500 briques hein ? Surtout de nous jours, le smic est en plein chancelique, la TVA nous suce le sang, la bourse se fait la malle. J'ai calculé j'en aurai à peine pour 5 piges. J'aurai 50 berges, tu voudrais tout de même pas que j'retourne au charbon à cet age-là non ? Tu serais pas vache avec les vieux des fois ?

[haut de page]

Le Pacha (1968)
Un film de Georges Lautner avec
Jean Gabin et Dany Carrel.

- A quoi tu penses ?
- Je pense que le jour où on mettra les cons sur orbite, t'as pas fini de tourner.
- Moi, le mitant j'en ai jusque là... ça fait 40 ans que le truand me chagne. Je l'ai digéré à toutes les sauces et à toutes les modes, en costard bien taillé et en blouson noir. Ça tue, ça viole mais ça fait réver le bourgeois et reluire les bonnes femmes, elles trouvent peut-être ça romantique mais moi pas. Alors j'ai pris une décision, moi les peaux-rouges, j'vais plus les envoyer devant les jurés de la Seine, comme ça il n'y aura plus de non-lieu ni de remise de peine ; j'vais organiser la St Barthélémy du mitant.

[haut de page]

Le cave se rebiffe (1961)
Un film de Gilles Grangier avec
Jean Gabin et Bernard Blier.

- Le meilleur. Y blanchit sous le harnais, hein... 30 ans de fausse monnaie et pas un accroc. Un mec légendaire quoi... Les gens de sa partie l'appelle le Dabe et enlève leur chapeau rien qu'en entendant son blase... Une épée, quoi.
- Entre nous, Dabe, une supposition, j'dis bien une supposition, que j'ai un graveur, du papier et que j'imprime pour un milliard de biftons. En admettant, c'est toujours une supposition, en admettant qu'on soit 5 sur l'affaire ça rapporterait net combien à chacun ?
- 20 ans de placard. Les bénéfices ça se divise, la réclusion ça s'additionne.
- Ah évidemment j'en suis pas encore aux toiles de maître, mais enfin c'est un début
- Oh c'est un début qui promet. Mais tu vois si j'étais chez moi comme tu le disais si gentiment, bah j'mettrai ça ailleurs.
- Qu'est-ce que je disais, y s'rait mieux près de la fenêtre. Tu le verrais où toi ?
- À la cave.
- Ch'uis pus très au courant du marché mais enfin si ça peut t'obliger, j'vais m'informer.
- Bon bah... à ton age, c'est pus la peine d'aller te fatiguer avec des aller et venues.
C'que ch'uis venu te demander, c'est le papier de Mandarès. T'as pas intérêt à le garder plus longtemps. Hum ! Pour peu qu'la Marne monte d'un petit chouaille du côté de ton hangar, il va onduler et s'piquer ton papelard.
- Y'a une porte à mon hangar. Tout acier.
- Une porte, ça s'ouvre. Pis, y'a les malfaisants.
- Si j'comprends bien, tu prends la succession de Mandarès... Du coquille, j'en ai 5 rames. Total 2 briques... et cash.
- Ah bah à c'blot là tu peux le garder et faire des cornets à frites.
- Te fache pas, on parle.
- Bon bah alors parle plus et écoute moi ça te reposera. À l'heure actuelle sur la place, y'a plus une équipe pour le prendre ton papelard. Alors moi, j't'en offre une brique et encore parce que c'est toi.
- J'disais bien que t'avais pas changé : féroce comme avant, p't'êt bien pire...
- Parce que j'aime autant vous dire que pour moi, Monsieur Eric, avec ses costumes tissés en Ecosse à Roubaix, ses boutons de manchette en simili et ses pompes à l'italienne fabriquées à Grenoble, eh ben, c'est rien qu'un demi-sel. Et là, je parle juste question présentation, parce que si je voulais me lancer dans la psychanalyse, j'ajouterais que c'est le roi des cons... Et encore, les rois, ils arrivent à l'heure...
- Pour une fois que je tiens un artiste de la Renaissance, j'ai pas envie de le paumer à cause d'une bévue ancillaire
- Une quoi ?
- Une connerie de ta bonniche
- Depuis Adam se laissant enlever une côte jusqu'à Napoléon attendant Grouchy, toutes les grandes affaires qui ont raté étaient basées sur la confiance! Croire en les honnêtes gens est le seul vrai risque des professions aventureuses....

[haut de page]

La Grande Sauterelle (1967)
Un film de Georges Lautner avec
Mireille Darc.

- Ce que tu peux être con ! T'es même pas con, t'es bête. Tu vas jamais au cinoche, tu lis pas, tu sais rien. Si ça se trouve, t'as même pas de cerveau. Quand on te regarde par en dessus, on doit voir tes dents.

[haut de page]

Mélodie en sous-sol (1963)
Un film de Henri Verneuil avec
Jean Gabin, Alain Delon et Maurice Biraud.

- Écoute-moi bien. A partir de maintenant, travaille au chrono parce qu'une minute d'écart ça veut pas dire forcément 60 secondes. Ça peut se transformer en années de placard. Crois-moi, je connais la question.
- Dans les situations critiques, quand on parle avec un calibre bien en pogne, personne ne conteste plus. Y'a des statistiques là-dessus.

[haut de page]

Ne nous fachons pas (1965)
Un film de Georges Lautner avec
Lino Ventura, Michel Constantin, Jean Lefebvre et Mireille Darc.

- T'as de ces questions, on les appellent les british parce qu'ils sont british, C'est tout quoi!
Ils sont une douzaine de mecs, on sait pas ce qu'ils maquillent ; ils ont loué une villa au cap d'Antibes. C'lui qu'à l'air du tolier est venu béqueter 2 3 fois. Ses petits boy-friends l'appellent "Colonel", genre homme du monde. Mais en fait de monde, j'crois plutôt qu'ils seraient du notre. Je veux dire l'ancien...
- L'ancien, l'ancien... Je viens de mettre un mec en l'air, maintenant nous v'là en croque-mort, tu permets, mais y'aurait comme de la relance sur la gelée de coings, non?... Et aussi, si tu m'avais pas refilé un flingue...
- Ben tu serais mort!
- Oui t'as raison. En cinq ans pas un mouvement d'humeur, pas une colère, même pas un mot plus haut que l'autre, pis d'un seul coup _CRACK_ la fausse note, la mouche dans le lait, han j'te dis que ça m'a secoué!

scène suivante dans une habitation délabrée le long d'une voie de chemin de fer

- Beau jeune homme, il doit pas être loin de ses 75 kilos.
- J'l'ai pas pesé!
- Dans ces poids-là, j'peux vous l'embaumer façon Cléopatre, le Chef d'Oeuvre égyptien, inaltérable!
- Mais on vous demande pas de conserver, on vous demande de détruire!
- Haa! Heuuu... j'vous proposerais bien le puzzle "le congolais" : 32 morceaux plus la tête. Ou alors le cubilot de Vulcain : 10 tonnes de fontes, quinze-cents degrés, et vot' petit jeune homme se retrouve en plaque d'égout ou en grille de square.
- Non, NON! Ni en poignée de porte, ni en lampadaire, c'que j'veux c'est plus le voir, là!
- Mon ami tient un commerce.
- Hah bon!

en cas de problème pour entendre les sons...   [haut de page]