La découverte ou l'ignorance    

Le breton est-il ma langue maternelle ?
Non ! Je suis né à Nantes où on n'le parle pas.
Suis-je même breton ???...
Vraiment, je le crois...
Mais de pur race !!!
... Qu'en sais-je et qu'importe ?
Séparatiste ? Autonomiste ? Régionaliste ?
Oui et non... Différent...

Mais alors, vous n'comprenez plus :
Qu'app'lons-nous être breton,
Et d'abord, pourquoi l'être ?
Français d'état civil, je suis nommé français,
J'assume à chaque instant ma situation de français.
Mon appartenance à la Bretagne
N'est en revanche qu'une qualité facultative
Que je peux parfaitement renier ou méconnaître...
Je l'ai d'ailleurs fait...

J'ai longtemps ignoré que j'étais breton...
Français sans problème,
Il me faut donc vivre la Bretagne en surplus
Et pour mieux dire en conscience...
Si je perds cette conscience,
La Bretagne cesse d'être en moi.
Si tous les bretons la perdent,
Elle cesse absolument d'être...

La Bretagne n'a pas de papiers,
Elle n'existe que si à chaque génération
Des hommes se reconnaissent bretons...
A cette heure, des enfants naissent en Bretagne...
Seront-ils bretons ? Nul ne le sait...
A chacun, l'âge venu, la découverte... ou l'ignorance !

La ville que j'ai tant aimée    

Elle est née d'une ferme, tout en haut d'un rocher,
Cette ville que j'ai tant, tant et tant aimée,
Du lavoir à l'hiver, de l'église à l'été,
Les siècles s'enchaînaient aux années.

Ils avaient les moissons pour vacances l'été,
Et les femmes saignaient sur le lin des rouets,
Et la pluie tombait blanche sur les toits ardoisés,
Dans la ville que j'ai tant aimée.

On y venait de Nantes, les dimanches d'été
Avant qu'elle ne soit grande, quand notre siècle est né,
Chemises et robes blanches, les jardins ouvriers,
Fleurissaient sous des ciels de pommiers.

C'est la fin de l'enfance, et nous avons dansé,
Dans l'école, un dimanche, il y a six années,
Le soleil a brillé sur les toits ardoisés,
De la ville que j'ai tant aimée.

Et les filles riaient, et les hommes buvaient,
La ville était adulte et les arbres chantaient,
Et puis une aube grise, un matin s'est levée,
L'herbe rouille et l'aubier est gelé.

Ils ont tout bridé, balayé et brûlé,
Ils ont tout interdit, tout arraché,
Et la pluie tombe noire, sur les toits ardoisés,
De la ville que j'ai tant aimée.

J'y ai vu un gamin en costume arlequin,
Peindre un arbre bleuté dans un étang gelé,
Nous avons su apprendre aux enfants à rêver,
Dans la ville que j'ai tant aimée.

Pelot d'Hennebont    

Ma chère maman je vous écris
Que nous sommes entrés dans Paris
Que je sommes déjà Caporal
Et serons bientôt Général

A la bataille, je combattions
Les ennemis de la nation
Et tous ceux qui se présentiont
A grand coups de sabres les émondions

Le roi Louis m'a z'appelé
C'est "sans quartier" qu'il m'a nommé
Mais "sans quartier", c'est point mon nom,
J'lui dit "j'm'appelle Pelot d'Hennebont"

J'y aquiris un biaux ruban
Et je n'sais quoi au bout d'argent
Il dit boute ça sur ton habit
Et combats toujours l'ennemi

Faut qu'ce soye que'que chose de précieux
Pour que les autres m'appellent monsieur
Et boutent lou main à lou chapiaux
Quand ils veulent conter au Pelot

Ma mère si j'meurs en combattant
J'vous enverrais ce biau ruban
Et vous l'foutrez à votre fusiau
En souvenir du gars Pelot

Dites à mon père, à mon cousin
A mes amis que je vais bien
Je suis leur humble serviteur
Pelot qui vous embrasse le coeur

Complainte de Yuna Madalen    

Marie Madalen, du fond du passé
Le printemps ramène les longues journées
Les journées de peine dans les champs de blé
De Monsieur Etienne de Kérandoaré

Mari Madalen, Mari plac'h gwechall
Le printemps ramène les longues journées,
Diwezhiou labour, er parkou segal,
Parkou braz an Aotrou Stephan Kérandoaré

Le dimanche elle le voyait prier dans l'église de Hédé
Dieu tu l'aimais, soumise, effacée, il ne t'a jamais regardée.

Yuna Madalen, un siècle a passé
Le printemps ramène les longues journées
Plus lourde est la chaîne quand revient l'été
Pour une ouvrière de chez Kérandoaré

Yuna Madalen, goude kant goan,
Le printemps ramène les longues journées
Re bounner ar bec'h pa ze gouezh an hanv,
'Vit ur vicherouez eus ti Kérandoaré.

Mais le dimanche pendant qu'il va chasser aux garennes de Hédé
Tu vas à Rennes, tu vas dessiner sur l'usine un poing noir serré.

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