Amoureux de Paname
Ecoutez-moi, vous les ringards
Ecologistes du sam'di soir
Cette chanson-là vaut pas un clou
Mais je la chante rien que pour vous
Vous qui voulez du beau gazon
Des belles pelouses, des p'tits moutons
Des feuilles de vigne et des p'tites fleurs
Faudrait remettre vos montres à l'heure
Moi j'suis amoureux de Paname
Du béton et du macadam
Sous les pavés, ouais c'est la plage
Mais l'bitume c'est mon paysage
Le bitume c'est mon paysage
Ecoutez-moi, vous les ringards
Ecologistes des boul'vards
Vos beaux discours y'en a plein l'dos
Y'a du soleil dans les ruisseaux
La Tour Montparnasse elle est belle
Et moi j'adore la Tour Eiffel
Y'a plein d'amour dans les ruelles
Et d'poésie dans les gratt'-ciel
Moi j'suis amoureux de Paname
Du béton et du macadam
Sous les pavés, ouais c'est la plage
Mais l'bitume c'est mon paysage
Le bitume c'est mon paysage
Ecoutez-moi, vous les ringards
Ecologistes des grands soirs
La pollution n'est pas dans l'air
Elle est sur vos visages blêmes
Moi j'aime encore les pissotières
J'aime encore l'odeur des poubelles
J'me parfume pas à l'oxygène
Le gaz carbonique c'est mon hygiène
Moi j'suis amoureux de Paname
Du béton et du macadam
Sous les pavés, ouais c'est la plage
Mais l'bitume c'est mon paysage
Le bitume c'est mon paysage
Les aventures de Gérard Lambert
Paroles et Musique: Renaud Séchan
1980 "Marche à l'ombre"
Quatorze avril 77
Dans la banlieue où qu'y fait nuit
La petite route est déserte
Gérard Lambert rentre chez lui
Dans le lointain les mobylettes
Poussent des cris...
Ça y'est, j'ai planté le décor
Créé l'climat de ma chanson
Ça sent la peur, ça pue la mort
J'aime bien c't'ambiance, pas vous ? ah ! bon...
Voici l'histoire proprement dite
Voici l'intrigue de ma chanson
Gérard Lambert roule très vite
Le vent s'engouffre dans son blouson
Dans le lointain les bourgeois dorment
Comme des cons...
Lorsque soudain survient le drame
Juste à la sortie d'un virage
Y'a plus d'essence dans la bécane
Gérard Lambert est fou de rage !
T'aurais pas dû, Gérard Lambert
Aller ce soir-là à Rungis
T'aurais dû rester chez ta mère
Comme un bon fils
Il met sa mob sur la béquille
S'assied par terre et réfléchit:
Dans cette banlieue de bidonvilles
Y'a pas un pompe ouverte la nuit !
Dans le lointain y'a une sirène
Qui s'évanouit...
Qu'est-c'que j'vais faire. bordel de Dieu ?
J'vais quand même pas rentrer à pied !
Plus y s'angoisse moins ça va mieux
Quand soudain lui vient une idée
J'vais siphonner un litre ou deux
Dans l'réservoir de cette bagnole
Et pi après j'y crève les pneus
Comme ça, gratuitement, par plaisir
Faut bien qu'j'me défoule un p'tit peu
J'suis énervé...
Une fois son forfait accompli
Gérard Lambert va repartir
La mobylette veut rien savoir
C'est le bon Dieu qui l'a puni !
{refrain}
Alors, pendant une demi-heure
Dans son moteur il tripatouille
Il est crevé, il est en sueur
Il a du cambouis jusqu'aux coudes
Dans le lointain le jour se lève
Comme d'habitude...
A c'moment-là un mec arrive
Un p'tit loubard aux cheveux blonds
Et qui lui dit comme dans les livres:
S'te-plaît dessine-moi un mouton
Une femme à poil ou un calibre
Un cran d'arrêt, une mobylette
Tout c'que tu veux, mon pote, t'es libre
Mais dessine moi quelqu'chose de chouette !
Dans le lointain y s'passe plus rien
Du moins y m'semble...
Alors, d'un coup d'clé à molette
Bien placé entre les deux yeux
Gérard Lambert éclate la tête
Du Petit Prince de mes deux !
Faut pas gonfler Gérard Lambert
Quand y répare sa mobylette
C'est la morale de ma chanson
Moi j'la trouve chouette
Pas vous ? Ah bon...
La bande à Lucien
Paroles et Musique: Renaud Séchan
19 ?
Ça fait quand même vach'ment plaisir
De t'retrouver, mon pote Lucien
J'parie que t'es encore sans un
Et qu't'as toujours ton blouson d'cuir
T'as pas changé d'puis 68
A c't'époque on s'fendait la gueule
Aujourd'hui t'as l'air un peu seul
Aller viens, on va s'prendre une cuite
Eh ! dis-moi Lucien, où c'est qu'elle est ta bande ?
Maint'nant qu'est-c'que tu glandes sans tes copains ?
Dis, comment qu'y s'app'lait le p'tit
Çui qui volait des mobylettes
Çui qu'a plongé en 67
Et qu'on a pas revu depuis ?
Ça doit pas être le super-pied
La vie à Fleury-Mérogis
Mais elle supporte pas, la Justice
Qu'on crache à la gueule du greffier
{refrain}
Et Pierrot, le fou d'la bécane
Qu'a eu les deux jambes écrasées
Il l'aurait mieux fait d'y passer
C'est vraiment trop con les platanes
Il bosse toujours à l'atelier
Assis sur un fauteuil roulant ?
Tu m'dis qu'y chiale de temps en temps
Tu vois j'm'en s'rait un peu douté
{refrain}
J'pense pas qu't'aies oublié Riton
Qui s'est fait descendre au bistrot
Une balle dans l'ventre, ah ! les salauds !
Parc'qu'il avait cogné l'patron
T'as plus nouvelles de Marilyn
Celle qu'est partie pour Ibiza ?
Doit être en train d'crever là-bas
Avec sa p'tite sister-morphine
{refrain}
Eh toi, mon vieux, mon pote Lucien
C'est vrai qu't'habites chez ta belle-doche
Que t'es marié, que t'as des mioches
Qu'tu travailles pour qu'y z'aient du pain ?
Tu sais, j'ai une idée super
On va former une nouvelle bande
Si tu veux c'est toi qui commandes
Siou-plaît patron, encore une bière...
{refrain}...
Je suis une bande de jeunes
Mes copains sont tous en cabane
Ou à l'armée, ou à l'usine
Y se sont rangés des bécanes
Y'a plus d'jeunesse, tiens ! ça m'déprime
Alors, pour mettre un peu d'ambiance
Dans mon quartier de vieux débris
J'ai groupé toutes mes connaissances
Intellectuelles, et c'est depuis
Que j'suis une bande de jeunes
A moi tout seul
Je suis une bande de jeunes
Je m'fends la gueule
Je suis le chef et le sous-chef
Je suis Fernand le rigolo
Je suis le p'tit gros à lunettes
Je suis Robert le grand costaud
Y'a plus d'problème de hiérarchie
Car c'est toujours moi qui commande
C'est toujours moi qui obéis
Faut d'la discipline dans une bande
{refrain}
Quand j'débarque au bistrot du coin
Et pi qu'un mec veut m'agresser
Ben moi aussitôt j'interviens
C'est beau la solidarité
Quand je croise la bande à Pierrot
Où y sont beaucoup plus nombreux
Ça bastonne comme à Chicago
C'est vrai qu'dans sa bande y sont deux
{refrain}
Quand dans ma bande y'a du rififi
J'me téléphone, j'me fais une bouffe
J'fais un colloque, j'me réunis
C'est moi qui parle, et c'est moi qu'écoute
Parfois j'm'engueule pour une soute
Qu'est amoureuse de toute ma bande
Alors la sexualité de groupe
Y'a rien de tel pour qu'on s'entende
{refrain}
Quand j'me balade en mobylette
On dirait l'équipée sauvage
Quinze décibels c'est la tempête
Dans tout le voisinage
Et pi si un jour en banlieue
Toute ma bande est décimée
Par une toute une bande de vieux
Je me battrai jusqu'au dernier
{refrain}
I'm a poor lonesome young band
I feel alone
I'm a poor lonesome young band
I break my gueule
Banlieue rouge
Elle crèche cité Lénine
Une banlieue ordinaire
Deux pièces et la cuisine
Canapé frigidaire
Préfèrerait habiter
Cité Mireille Mathieu
Au moins elle sait qui c'est
Pi c'est vrai qu'ça f'rait mieux
Sur les cartes de visite
Qu'elle utilise jamais
Ça mettrait du ciel bleu
Sur les quittances de gaz
L'en parlera au syndic
Si elle a une occase
Elle habite quelque part
Dans une banlieue rouge
Mais elle vit nulle part
Y'a jamais rien qui bouge
Pour elle la banlieue c'est toujours gris
Comme un mur d'usine comme un graffiti
Elle a cinquante-cinq ans
Quatre gosses qu'ont mis
les bouts
Plus d'mari pas d'amant
Et pi quoi des bijoux ?
Y'a bien qu'son poisson rouge
Qui lui cause pas de soucis
Encore que y'a des nuits
Quand elle l'entend qui bouge
Elle s'lève pour aller l'voir
Des fois qu'y s'rait parti
Après c'est toute une histoire
Pour s'rendormir ouallou !
Elle essaie Guy des Cars
Mais elle comprend pas tout
Pour elle la banlieue c'est toujours la zone
Même si au fond d'ses yeux y'a un peu d'sable jaune}
Elle travaille tous les jours
Elle a un super boulot
Sur l'parking de Carrefour
Elle ramasse les chariots
Le week-end c'est l'enfer
Quand tous ces parigots
Viennent remplir l'coffre arrière
D'leur 504 Peugeot
De quinze tonnes de lessive
De monceaux de bidoche
En cas d'guerre en cas d'crise
Ou d'victoire de la gauche
Ce spectacle l'écoeure
Alors elle pense à ces gars
Qui sont dev'nus voleurs
Elle comprend mieux pourquoi
Y'a qu'le bleu des mobs qui l'emmène en vacances
Ses histoires d'amour elle les vit dans Confidences
}
Elle a bien ses p'tites joies
A défaut du bonheur
Quand elle nourrit ses chats
Quand elle parle à ses fleurs
Chaque semaine au loto
Elle mise dix ou vingt balles
Elle joue son numéro
D'sécurité sociale
C'est pas dure c'est pas cher
Mais ça rapporte que dalle
Pi elle écoute la radio
Surtout Michel Drucker
Parc'qu'elle le trouve très beau
Et pas du tout vulgaire
Entre l'chien en plâtre sur la télévision
Et les castagnettes sur le mur du salon
Chez elle c'est du lino
Mais faut mettre les patins
Dehors c't'assez crado
Faut qu'dedans ça soit bien
Ça pue la pisse de chat
Mais ça on n'y peut rien
Quand t'aimes les animaux
Tu t'arrêtes pas à ça
Elle elle dit qu'en tout cas
Elle aime pas les humains
Pourtant elle a mis l'bon Dieu
Juste au-dessus d'son paddock
Elle y croit si tu veux
Mais c'est
pas réciproque
Pour elle la banlieue c'est toujours gris
Comme un mur d'école comme un graffiti
Mon beauf'
On choisit ses copains mais rar'ment sa famille
Y'a un gonze mine de rien qu'a marié ma frangine
Depuis c'est mon beau-frère alors faut faire avec
Mais c'est pas une affaire vu qu'c't'un sacré pauv'mec
Mon beauf mon beauf
Il lui a fait quatre gosses pour toucher les allocs
Lui fait l'coup d'la nuit d'noces dès qu'elle est plus en
cloque
Cet espèce de trou-duc' qui a fait dix ans d'légion
Ses mômes il les éduque à grands coups d'ceinturon
Le jour où les cons iront pointer
On l'verra au bureau d'embauche
Mon beauf
Il a des rouflaquettes
un costard à carreaux
Des moustaches une casquette et des pompes
en croco
Y s'prend pour un vrai mec mais y craint un p'tit peu
Pour tout dire il est presque à la limite du hors-jeu
Mon beauf mon beauf
A chaque fois qu'y
culbute une collègue de bureau
Ou qu'y va s'faire une pute ce ringard ce blaireau
Y dit qu'c'est pas tromper que c'est juste pour l'hygiène
Mais qu'si sa femme l'imitait il l'assom'rait à coups de beignes
Le jour où les cons s'ront cuisiniers
C'est lui qui préparera les sauces
Mon beauf
Y'a dans sa discothèque tout Richard Clayderman
Y trouve ça super chouette c'est l'Mozart du walkman
Et pi dans sa R 16 y'a
la CB
tu penses
« 73 la station tête de noeud en fréquence »
Mon beauf mon beauf
Pi bonjour la culture il est 'achment balaise
T'as qu'à voir ses lectures ça
casse des barreaux d'chaise
V.S.D Paris-Match et puis Télé 7 jours
Pi bien sûr chaque année y s'offre le prix Goncourt
Le jour où les cons s'ront plus à droite
Y'a p't'être une chance pour qu'y vote à gauche
Mon beauf
L'adore les animaux l'a un berger allemand
Qui protège ses bibelots son p'tit appartement
Il l'emmène à la chasse flinguer les p'tits oiseaux
Parc'que c'gros dégueulasse y taquine le moineau
Mon beauf
On choisit ses copains mais rar'ment sa famille
Y'a un gonze mine de rien qu'a marié ma frangine
Il est d'venu mon beauf un beauf à la Cabu
Imbécile et facho mais heureusement cocu
Quand l'soleil brillera que pour les cons
Il aura les oreilles qui chauffent
Mon beauf
It is not because you are
When I have rencontred you,
You was a jeune fille au pair,
And I put a spell on you,
And you roule a pelle to me.
Together we go partout
On my mob it was super
It was friday on my mind,
It was a story d'amour.
It is not because you are,
I love you because I do
C'est pas parc'que you are me qu'I am you.
You was really beautiful
In the middle of the foule.
Don't let me misunderstood,
Don't let me sinon I boude.
My loving, my marshmallow,
You are belle and I are beau
You give me all what you have
I say thank you, you are bien brave.
It is not because you are,
I love you because I do
C'est pas parc'que you are me qu'I am you.
I wanted marry with you,
And make love very beaucoup,
To have a max of children,
Just like Stone and Charden.
But one day that must arrive,
Together we disputed.
For a stupid story of fric,
We decide to divorced.
It is not because you are,
I love you because I do
C'est pas parc'que you are me qu'I am you.
You chialed
comme une madeleine,
Not me, I have my dignité.
You tell me: you are a sale mec !
I tell you: poil to the bec !
That's comme ça that you thank me
To have learning you english ?
Eh ! That's not you qui m'a appris,
My grand-father was rosbeef
!
It is not because you are,
I love you because I do
C'est pas parc'que you are me qu'I am you...
C'est mon dernier bal
Aux cinoches de Créteil
Y jouaient que des pornos
Moi ça m'disait trop rien
J'les avais déjà vus
J'ai dit à mes copains :
Y'a un baloche à Sarcelles
On va y faire un saut,
Y'aura p't'être des morues,
Et puis ça fait un bail
Qu'on s'est plus bastonné
Avec de la flicaille
Ou des garçons bouchers
C'est mon dernier bal
Ma dernière virée
Demain, dans l'journal
Y'aura mon portrait.
On a pris les bécanes
Et on s'est arrachés
Direction la castagne,
La bière à bon marché.
Mais on était pas seuls
On avait emmené
Deux
trois amuse-gueules
Dont l'port est prohibé
On veux pas provoquer
Moi j'suis pas un fondu
Mais faut bien dire c'qui est
J'suis pas un ange non plus.
C'est mon dernier bal
Ma dernière virée
Demain, dans l'journal
Y'aura mon portrait.
Arrivés à l'entrée
Devant la pauv' caissière
On voulait pas payer
Vingt-cinq balles, c'est trop cher
Alors on a profité
Qu'pour une fois y'avait pas
L'service d'ordre de KCP
Pour foncer dans l'tas
Et puis on s'est pointés
Direct à la buvette
Où on s'est enfilé
Chacun nos huit canettes.
C'est mon dernier bal
Ma dernière virée
Demain, dans l'journal
Y'aura mon portrait.
Y'avait une bande de mecs
De l'autre côté d'la piste
Qui nous mataient
à mort
Depuis un bon moment.
On s'est frité
avec
C'était vraiment pas triste,
Puis on s'est réconcilié
D'vant une bière, en s'marrant.
D'nos jours, dans les baloches,
On s'exprime, on s'défoule :
A grands coups d'manches de pioches
Une fracture, ça dessaoule.
C'est mon dernier bal
Ma dernière virée
Demain, dans l'journal
Y'aura mon portrait.
Et l'espèce de ringard
Qui jouait d'l'accordéon,
On y a fait bouffé
Avec ses bretelles.
Maintenant il a une belle paire
De poumons nacrés
Dès qu'y tousse un peu
Y recrache des boutons.
Quand ça a dégénéré
En baston générale
On a vu se pointer
Les milices
rurales.
C'est mon dernier bal
Ma dernière virée
Demain, dans l'journal
Y'aura mon portrait.
Avec mon flingue d'alarme
J'avais l'air d'un con
Devant la winchester
De l'adjoint au maire
Y m'a dit: « N'avance pas
Si tu bouges t'es mort »
J'aurai pas dû bouger
Maintenant je suis mort.
Dans la vie, mon p'tit gars
Y'a pas à tortiller
:
Y'a rien de plus dangereux
Que de se faire tuer.
C'est mon dernier bal
J'en ai reçue une
Putain, qu'ça fait mal
De crever sous la lune !
C'est mon dernier bal
Ma dernière virée
Demain,
dans l'journal
Y'aura mon portrait...
Ma Gonzesse
Malgré le blouson clouté,
Sur mes épaules de v'lours.
J'aim'rais bien parfois chanter,
Autre chose que la zone.
Un genre de chanson d'amour
Pour ma p'tite amazone.
Pour celle qui, tous les jours
Partage mon cassoulet.
Ma gonzesse
Celle que j'suis avec.
Ma princesse
Celle que j'suis son mec.
Faut dire qu'elle mérite bien,
Qu'j'y consacre une chanson.
Vu que j'suis amoureux d'elle,
Un peu comme dans les films,
Où y'a tous pleins de violons
Quand le héros y meurt.
Dans les bras d'une infirmière,
Qu'est très belle et qui pleure.
Et pis elle est balancée
Un peu comme un Maillol
Tu sais bien les statues,
Du jardin des Tuileries.
Qui, hiver comme été
Exhibent leur guibolles,
Et se gèlent le cul
Et le reste aussi.
{refrain}
Pi faut dire qu'elle a les yeux,
Tell'ment qu'y sont beaux,
On dirait bien qu'y sont bleus,
On dirait des calots.
Parfois, quand elle me regarde,
J'imagine des tas d'choses,
Que je réalise plus tard
Quand on s'retrouve tout seul.
Si tu m'dis qu'elle est moche,
Tu lui manques de respect,
Je t'allonge une avoine
Ce s'ra pas du cinoche.
Mais si tu m'dis qu'elle est belle,
Comme je suis très jaloux,
Je t'éclate la cervelle
Faut rien dire du tout.
De {refrain}
J'aim'rais bien, un ces jours
Lui coller un marmot,
Ah ouais, un vrai qui chiale et tout
Et qu'a tout l'temps les crocs.
Elle aussi, elle aimerais ça,
Mais c'est pas possible,
Son mari, y veut pas
Y dit qu'on est trop jeunes
{refrain...}
Dans mon H.L.M.
Au rez-de-chaussée, dans mon H.L.M.
Y'a une espèce de barbouze
Qui surveille les entrées,
Qui tire sur tout c'qui bouge,
Surtout si c'est bronzé,
Passe ses nuits dans les caves
Avec son Beretta,
Traque les mômes qui chouravent
Le pinard aux bourgeois.
Y s'recrée l'Indochine
Dans sa p'tite vie d'peigne-cul.
Sa femme sort pas d'la cuisine,
Sinon y cogne dessus.
Il est tell'ment givré
Que même dans la Légion
Z'ont fini par le j'ter,
C'est vous dire s'il est con!
Putain, c'qu'il est blême, mon H.L.M !
Et la môme du huitième, le hasch, elle aime !
Au premier, dans mon H.L.M.
Y'a l'jeune cadre dynamique,
Costard en alpaga,
Celui qu'a payé vingt briques
Son deux-pièces-plus-loggia.
Il en a chié vingt ans
Pour en arriver là,
Maintenant il est content
Mais y parle de s'casser.
Toute façon, y peut pas,
Y lui reste à payer
Le lave-vaisselle, la télé,
Et la sciure pour ses chats,
Parc'que naturellement
C'bon contribuable centriste,
Il aime pas les enfants,
C'est vous dire s'il est triste!
{refrain}
Au deuxième, dans mon H.L.M.
Y'a une bande d'allumés
Qui vivent à six ou huit
Dans soixante mètres carrés,
Y'a tout l'temps d'la musique.
Des anciens d'Soixante-huit,
Y'en a un qu'est chômeur
Y'en a un qu'est instit',
Y'en a une, c'est ma soeur.
Y vivent comme ça, relax
Y'a des matelas par terre,
Les voisins sont furax
Ils font un boucan d'enfer,
Ils payent jamais leur loyer,
Quand les huissiers déboulent
Ils écrivent à Libé
C'est vous dire s'ils sont cools!
{refrain}
Au troisième, dans mon H.L.M.
Y'a l'espèce de connasse,
Celle qui bosse dans la pub',
L'hiver à Avoriaz,
Le mois d'juillet au Club.
Comme toutes les décolorées,
Elle a sa Mini-Cooper,
Elle allume tout l'quartier
Quand elle sort son cocker.
Aux manifs de gonzesses,
Elle est au premier rang,
Mais elle veut pas d'enfants
Parc'que ça fait vieillir,
Ça ramollit les fesses
Et pi ça fout des rides,
Elle l'a lu dans l'Express
C'est vous dire si elle lit!
{refrain}
Au quatrième, dans mon H.L.M.
Y'a celui qu'les voisins
Appellent « le communiste »
Même qu'ça lui plaît pas bien,
Y dit qu'il est trotskiste !
J'ai jamais bien pigé
La différence profonde,
Y pourrait m'expliquer
Mais ça prendrait des plombes.
Depuis sa pétition,
Y'a trois ans, pour l'Chili,
Tout l'immeuble le soupçonne
A chaque nouveau graffiti,
N'empêche que « Mort aux cons »
Dans la cage d'escalier,
C'est moi qui l'ai marqué,
C'est vous dire si j'ai raison!
{refrain}
Pi y'a aussi, dans mon H.L.M.
Un nouveau romantique,
Un ancien combattant,
Un loubard, et un flic
Qui s'balade en survêtement
Y fait chaque jour son jogging
Avec son berger all'mand,
De la cave au parking,
C'est vach'ment enrichissant.
Quand j'en ai marre d'ces braves gens
J'fais un saut au huitième
Pour construire un moment
Avec ma copine Germaine,
Un monde rempli d'enfants.
Et quand le jour se lève
On s'quitte en y croyant,
C'est vous dire si on rêve!
{refrain}
Hexagone
Ils s'embrassent au mois de janvier
Car une nouvelle année commence
Mais depuis des éternités
L'a pas tell'ment changé la France
Passent les jours et les semaines
Y'a qu'le décor qui évolue
La mentalité est la même
Tous des tocards, tous des faux culs
Ils sont pas lourds, en février
A se souvenir de Charonne
Des matraqueurs assermentés
Qui fignolèrent leur besogne
La France est un pays de flics
A tous les coins d'rue y'en a cent
Pour faire règner l'ordre public
Ils assassinent impunément
Quand on exécute au mois d'mars
De l'autr' côté des Pyrénées
Un anarchiste du pays basque
Pour lui apprendre à s'révolter
Ils crient, ils pleurent et ils s'indignent
De cette immonde mise à mort
Mais ils oublient qu'la guillotine
Chez nous aussi fonctionne encore
Etre né sous l'signe de l'hexagone
C'est pas c'qu'on fait d'mieux en c'moment
Et le roi des cons, sur son trône
J'parierai pas qu'il est all'mand
On leur a dit, au mois d'avril
A la télé, dans les journaux
De pas se découvrir d'un fil
Que l'printemps c'était pour bientôt
Les vieux principes du seizième siècle
Et les vieilles traditions débiles
Ils les appliquent tous à la lettre
Y m'font pitié ces imbéciles
Ils se souviennent, au mois de
mai
D'un sang qui coula rouge et noir
D'une révolution manquée
Qui faillit renverser l'histoire
J'me souviens surtout d'ces moutons
Effrayés par la liberté
S'en
allant voter par millions
Pour l'ordre et la sécurité
Ils commémorent, au mois de juin
Un débarquement d'Normandie
Ils pensent au brave soldat ricain
Qu'est v'nu se faire tuer loin d'chez lui
Ils oublient qu'à l'abri des bombes
Les
Français criaient: vive Pétain
Qu'ils étaient bien planqués à Londres
Qu'y'avait pas beaucoup d'Jean
Moulin
Etre né sous l'signe de l'hexagone
C'est pas la gloire, en vérité
Et le roi des cons, sur son trône
Me dites pas qu'il est portugais
Ils font la fête au mois d'juillet
En souv'nir d'une révolution
Qui n'a jamais éliminé
La misère et l'exploitation
Ils s'abreuvent de bals populaires
D'feux d'artifice et de flonflons
Ils pensent oublier dans la bière
Qu'ils sont gourvernés comme des pions
Au mois d'août c'est la liberté
Après une longue année d'usine
Ils crient : "Vive les congés payés"
Ils oublient un peu la machine
En Espagne, en Grèce ou en France
Ils vont polluer toutes les plages
Et, par leur unique présence
Abîmer tous les paysages
Lorsqu'en septembre
on assassine
Un peuple et une liberté
Au coeur de l'Amérique Latine
Ils sont pas nombreux à gueuler
Un ambassadeur se ramène
Bras ouverts il est accueilli
Le fascisme c'est la gangrène
A Santiago comme à Paris
Etre né sous l'signe de l'hexagone
C'est vraiment pas une sinécure
Et le roi des cons, sur son trône
Il est français, ça j'en suis sûr
Finies les vendanges en octobre
Le raisin fermente en tonneaux
Ils sont très fiers de leurs vignobles
Leurs Côtes-du-rhône et leurs Bordeaux
Ils exportent le sang de la terre
Un peu partout à l'étranger
Leur pinard et leur camembert
C'est leur seule gloire à ces tarés
En novembre au Salon
d'l'auto
Ils vont admirer par milliers
L'dernier modèle de chez Peugeot
Qu'ils pourront jamais se payer
La bagnole, la télé, l'tiercé
C'est l'opium du peuple de France
Lui supprimer c'est le tuer
C'est une drogue à accoutumance
En décembre, c'est l'apothéose
La grande bouffe et les p'tits cadeaux
Ils sont toujours aussi moroses
Mais y'a d'la joie dans les ghettos
La Terre peut s'arrêter d'tourner
Ils rat'ront pas leur réveillon
Moi j'voudrais tous les voir crever
Etouffés de dinde
aux marrons
Etre né sous l'signe de l'hexagone
On peut pas dire qu'ça soit bandant
Si l'roi des cons perdait son trône
Y'aurait 50 millions de prétendants
La jeune fille du métro
interprète: Renaud (Chansons Réalistes,
1981)
C'était une jeune fille simple et bonne
Qui demandait rien à personne
Un soir dans l'métro, y avait presse
Un jeune homme osa, je l'confesse
Lui passer la main ... Sur les ch'veux
Comme elle était gentille, elle s'approcha un peu.
Mais comme a craignait pour ses robes
A ses attaques elle se dérobe
Sentant quelqu'chose qui la chatouille
Derrière son dos elle tripatouille
Et tombe sur une belle paire ... De gants
Que l'jeune homme, à la main, tenait négligemment.
En voyant l'émoi d'la d'moiselle
Il s'approcha un p'tit peu d'elle
Et comme en chaque homme, tout de suite
S'éveille le démon qui l'habite
Le jeune lui sorti ... Sa carte
Et lui dit j'm'appelle Jules, et j'habite rue Descartes.
L'métro continue son voyage
Elle se dit c'jeune homme n'est pas sage
Je sens quelque chose de pointu
Qui d'un air ferme et convaincu
Cherche à pénétrer ... Dans mon cœur
Ah qu'il est doux d'aimer, quel frisson de bonheur.
Ainsi à Paris, quand on s'aime
On peut se le dire sans problème
Peu importe le véhicule
N'ayons pas peur du ridicule
Dites lui simplement ... Je t'en prie
Viens donc à la maison manger des spaghettis.
Laisse béton
J'étais tranquille, j'étais peinard
Accoudé au flipper
Le type est entré dans le bar
A commandé un jambon-beurre
Puis il s'est approché de moi
Et y m'a regardé comme ça :
T'as des bottes, mon pote, elles
me bottent !
J'parie qu'c'est des Santiag'
Viens faire un tour dans l'terrain vague
J'vais t'apprendre un jeu rigolo
A grands coups de chaîne de vélo
J'te fais tes bottes à la baston !
Moi j'y ai dit: Laisse béton !
Y m'a filé une beigne, j'lui ai filé une torgnole
Y m'a filé une châtaigne, j'lui ai filé mes grolles
J'étais tranquille, j'étais peinard
Accoudé au comptoir
Le type est entré dans le bar
A commandé un café noir
Puis il m'a tapé sur l'épaule
Et m'a regardé d'un air drôle :
" T'as un blouson. mecton,
l'est pas bidon !
Moi j'me les gèle sur mon scooter
Avec ça j's'rai un vrai rocker
Viens faire un tour dans la ruelle
J'te montrerai mon Opinel
J'te chourav'rai ton blouson !"
Moi j'y ai dit: Laisse béton !
Y m'a filé une beigne, j'lui ai filé un marron
Y m'a filé une châtaigne, j'lui ai filé mon blouson
J'étais tranquille, j'étais peinard
Je réparais ma mobylette
Le type a surgi sur l'boul'vard
Sur sa grosse moto super-chouette
S'est arrêté l'long du trottoir
Et m'a regardé d'un air bête:
T'as l'même blue-jean que James Dean
T'arrête ta frime !
J'parie qu'c'est un vrai Lévi-Strauss
Il est carrément pas
craignoss
Viens faire un tour derrière l'église
Histoire que je te dévalise
A grands coups de ceinturon!
Moi j'y ai dit: Laisse béton !
Y m'a filé une beigne, j'lui ai filé une mandale
Y m'a filé une châtaigne, j'lui ai filé mon futal
La morale de c'te pauvre histoire
C'est qu'quand t'es tranquille et peinard
Faut pas trop traîner dans les bars
A moins d'être fringué en costard
Quand à la fin d'une chanson
Tu t'retrouves à poil sans tes bottes
Faut avoir d'l'imagination
Pour trouver une chute rigolote
Manhattan
Kaboul *
2002 "Boucan d'enfer" avec Axel
Red
Petit Portoricain, bien intégré quasiment New-yorkais
Dans mon building tout de verre et d’acier,
Je prends mon job, un rail de coke, un café,
Petite fille Afghane, de l’autre côté de la terre,
Jamais entendu parler de Manhattan,
Mon quotidien c’est la misère et la guerre
Deux étrangers au bout du monde, si différents
Deux inconnus, deux anonymes, mais pourtant,
Pulvérisés, sur l’autel, de la violence éternelle
Un 747, s’est explosé dans mes fenêtres,
Mon ciel si bleu est devenu orage,
Lorsque les bombes ont rasé mon village
{refrain}
So long, adieu mon rêve américain,
Moi, plus jamais esclave des chiens
Vite imposé l’islam des tyrans
Ceux là ont-ils jamais lu le coran ?
Suis redev’nu poussière,
Je s’rai pas maître de l’univers,
Ce pays que j’aimais tellement serait-il
Finalement colosse aux pieds d’argile ?
Les dieux, les religions,
Les guerres de civilisation,
Les armes, les drapeaux, les patries, les nations,
Font toujours de nous de la chair à canon
{refrain} (bis)
Le Père Noël noir
Ça f'sait pourtant un an ou deux
Que j'croyais plus du tout en lui
Pas plus que j'croyais au Bon Dieu
Ou à la s'maine des trente-cinq heures
N'empêche que par acquit d'conscience
J'ai mis mes santiag' d'vant la ch'minée
Vu qu'on était l'24 décembre
P't'être que l'Père Noël se pointerait
Il est bien v'nu mais manque de bol
Avec l'antenne de la télé
Y s'est emmêlé les guibolles
Et s'est vautré dans la ch'minée
S'est rétamé la gueule par terre
Sur ma belle moquette en parpaing
Y'avait d'la suie et des molaires
Le Père Noël est un crétin !
Petit Papa Noël
Toi qu'est descendu du ciel
Retournes-y vite fait bien fait
Avant que j'te colle une droite
Avant que j't'allonge une patate
Qu'j'te fasse une tête au carré !
J'lui avais d'mandé comme cadeau
Une panoplie d'agent d'police
Une super boîte de Meccano
Une carte du parti socialiste
M'a carrément amené peau d'balle
L'avait pas dû recevoir ma lettre
J'avais p't'être pas mis l'code postal
Qui correspond à sa planète
N'empêche qui y s'est pas gêné
M'avait déjà ruiné la moquette
Dans l'canapé s'est écroulé
Pour s'piquer
la ruche à l'anisette
Y m'a descendu la bouteille
A lui tout seul le saligaud
'vec le pinard l'a fait pareil
Le père Noël est un poivrot !
{refrain}
L'était bourré comme un polack
Il a fait un boucan d'enfer
Il a fouillé toute la baraque
En chantant des chansons vulgaires
L'a ravagé mes plantations
Toute ma récolte d'herbes de Provence
Veuillez me passer l'expression
L'a gerbé d'ssus quelle élégance
S'est barré vers cinq plombes du mat'
Avec mes bottes et mon blouson
M'a chouravé aussi ma gratte
Y m'a juste laissé le bocson
Heureusement qu'ma femme était pas là
Parc'que y s'rait barré avec
J'veux plus jamais le voir chez moi
Le Père Noël c'est un pauv' mec
{refrain}
Petite fille des sombres rues *
Paroles et Musique: Renaud Séchan
1975 "Amoureux de Paname"
Non, ne crois pas, fillette,
me retenir encore
dans tes rues sans violettes,
dans ton triste décor.
N'essaie pas de me suivre,
déserte mes rivages,
loin de toi, je veux vivre
de plus beaux paysages.
Petite fille des sombres rues, éloigne-toi,
Petite fille aux yeux perdus, tu m'oublieras.
J'ai trop longtemps vécu
dans de pauvres ruelles,
trop longtemps attendu
un dernier arc-en-ciel.
J'ai besoin de soleil
et d'horizons moins gris,
je veux voir les merveilles
que, près de toi, j'oublie.
{refrain}
Je ne suis pas de ceux
que chasse la lumière,
et qui vivent heureux
un éternel hiver
De l'amour je ne veux
que les filles des rivières,
lorsque j'aime les yeux,
j'aime aussi la chaumière.
{refrain}
Nos chemins se séparent,
entends, la vie m'appelle,
je quitte tes trottoirs
et tes grises dentelles.
Je pars pour des royaumes
où l'on m'attend peut-être,
où le bonheur embaume,
et donne un air de fête.
{refrain}
Laisse-moi m'en aller,
je n'ai plus rien à dire,
mais si tu veux pleurer,
n'essaie pas de sourire.
Retourne dans ta nuit,
au fond de tes faubourgs,
retourne dans l'ennui
qui habite tes jours.
{refrain}
Le retour de Gérard Lambert
Pas d'probléme la banlieue peut s'endormir tranquille
Y s'passera pas grand-chose dans ses ruelles noires
Ce soir le fils maudit des grandes cités dortoirs
Est parti pour Paname dans sa Simca 1000
Y va y'avoir du sang sur les murs de la ville
Alors cessez de rire charmante Elvire
Y'a une espèce de chien, un vieux loup solitaire
Qui s'dirige vers Paris, son nom : Gérard Lambert
Lambert c'est un héros alors y peut pas mourir
Avec lui c'est l'retour de la grande aventure
Celle qui fait hurler, celle qui fait frémir
Dans la nuit dans le vent et dans la froidure
Il est tranquille peinard au volant d'sa bagnole
Y s'écoute Capdevielle sur son auto-radio
Musicalement il adore surtout les paroles
Quoique des fois y trouve qu'c'est pas assez intello
A travers l'essuie-glace, y'en a qu'un qui fonctionne
Y voit la pluie qui tombe sur le périphérique
L'a raté la sortie le v'là dans l'bois d'Boulogne
L'est complètement paumé dans ce lieu maléfique
Commence à paniquer pi surtout y s'énerve
Il avait un rencard à Paris avec une meuf'
S'il arrive à la bourre il a perdu l'affaire
Y manquerait plus qu'y s'fasse arrêter par les keuf's
Ça fait maintenant une plombe qu'il se perd dans la nuit
Voilà l'brouillard qui tombe c'est normal c'est l'hiver
Pour l'ambiance d'la chanson faut des intempéries
Faut un climat sordide comme dans les films de guerre
Dans la lueur des phares tout à coup soudainement
Voit passer une silhouette sur le bord de la route
Enfin un être humain se dit-il en lui-même
Je vais d'mander mon ch'min à cette âme en déroute
L'arrête sa Simca 1000 auprès d'un arbre en bois
Et à pied dans la nuit sous la pluie qui ne cesse
S'enfonce dans la forêt poursuivant la gonzesse
Car c'en est une c'est sûr son instinct n'le trompe pas
Elle est jeune elle est belle toute vêtue de rouge
Les cheveux ruisselants sur son visage d'ange
Bon sang se dit Lambert le p'tit chaperon rouge
J'suis un loup solitaire qu'est que j'fais j'me la mange
Il imagine déjà dans l'panier d'la donzelle
Le petit pot de beurre pour grand-mère et la galette
Manque de bol elle avait dans son panier d'dentelles
Deux pauv' petites madeleines et une demi-baguette
OK tu viens chéri pour toi ça s'ra dix sacs
A ces mots le Lambert flaira un peu l'arnaque
Il éclata la tête de cette créature
Et s'en fut dans la nuit vers d'autres aventures
Société tu m'auras pas
Y'a eu Antoine avant moi
Y'a eu Dylan avant lui
Après moi qui viendra ?
Après moi, c'est pas fini
On les a récupérés
Oui, mais moi on m'aura pas
Je tirerai le premier
Et j'viserai au bon endroit
J'ai chanté dix fois, cent fois
J'ai hurlé pendant des mois
J'ai crié sur tous les toits
Ce que je pensais de toi
Société, société
Tu m'auras pas
J'ai marché sur bien des routes
J'ai connu bien des pat'lins
Partout on vit dans le doute
Partout on attend la fin
J'ai vu occuper ma ville
Par des cons en uniformes
Qu'étaient pas vraiment virils
Mais qui s'prenaient pour des hommes
{refrain}
J'ai vu pousser des barricades
J'ai vu pleurer mes copains
J'ai entendu les grenades
Tonner au petit matin
J'ai vu ce que tu faisais
Du peuple qui vit pour toi
J'ai connu l'absurdité
De ta morale et de tes lois
{refrain}
Demain, prends garde à ta peau
A ton fric, à ton boulot
Car la vérité vaincra
La Commune refleurira
Mais en attendant, je chante
Et je te crache à la gueule
Cette petite chanson méchante
Que t'écoutes dans ton fauteuil
{refrain}
La tire à Dédé *
Paroles et Musique: Renaud Séchan
1979 "Ma Gonzesse"
L'avait les roues arquées un peu comme j'ai les jambes
Sur l'toit et sur l'capot l'avait les deux bandes blanches
Le volant en faux bois, les banquettes en vrai skaï
Le klaxon qui jouait le Pont d'la rivière Kwaï
Dédé l'avait fait r'peindre en bleu métallisé
Y disait qu'ça lui rapp'lait l'ciel de son pays
On n'a jamais bien su où qu'c'est qu'il était né
Vu qu'il était menteur comme tous ceux de sa race
Dans la tire à Dédé
J'en ai fait des virées
Quand j'y r'pense aujourd'hui
Sur ma mob je m'ennuie
Sur la lunette arrière y'avait l'autocollant
Avec « Allez les verts », et sur la vitre avant
Y'avait marqué en blanc sur un fond bleu d'azur
« Skiez à Val-d'Isère et respirez l'air pur »
Elle pompait à
peu près autant d'fuel aux cent bornes
Que Dédé buvait d'bières, mais faut dire qu'y t'nait
bien
Quand on s'tapait l'Sébastopol à 220
Pour qu'les flics nous rattrapent, il fallait qu'y s'cramponnent
{refrain}
Quand Dédé en tenait un coup dans les naseaux
Bien qu'j'aie pas mon permis, c'est moi qui conduisais
J'prenais qu'les sens uniques pour semer les perdreaux
Et j'bouclais ma ceinture parc'que j'suis pas givré
On embarquait des grosses qui rodaient en banlieue
Et qu'attendaient que nous pour s'éclater un peu:
« Allez montez, les filles, on s'arrache en vacances »
Dix bornes plus loin, on leur f'sait l'coup d'la panne d'essence
{refrain}
Mais une nuit des voyous, des vrais enfants d'salauds
Pendant qu'Dédé pionçait, z'y ont fracturé
son box
Z'y ont tiré son klaxon et son auto-radio
Ses cassettes de Mike Brant et ses jantes en inox
Dédé, le lendemain, en voyant le tableau
Lui qu'avait une santé d'académicien
S'est chopé l'infarctus dont nous causent les journaux
Et l'a cassé sa pipe tout seul au p'tit matin
{refrain}
Pauv' Dédé aujourd'hui est au cimetière d'Pantin
Sur sa tombe on a peint deux bandes blanches, c'est super
Sa bagnole crève douc'ment tout au fond du jardin
D'un pavillon d'banlieue, prés d'la ligne de ch'min d'fer
Les poules ont fait leur nid sur les sièges éventrés
La rouille a tout bouffé, la peinture et les chromes
Le pare-brise et les phares dégommés par les mômes
Y reste bientôt plus rien d'la pauv' tire à Dédé
{refrain}
Dès que le vent soufflera...
« C'est pas l'homme qui prend la mer
C'est la mer qui prend l'homme »
Moi la mer elle m'a pris
Je m'souviens, un mardi
J'ai troqué mes santiag'
Et mon cuir un peu zone
Contre une paire de dock-side
Et un vieux ciré jaune
J'ai déserté les crasses
Qui m'disaient: sois prudent
La mer c'est dégueulasse
Les poissons baisent dedans !
Dès que le vent soufflera je repartira
Dès que les vents tourneront nous nous en allerons...
« C'est pas l'homme qui prend la mer
C'est la mer qui prend l'homme »
Moi la mer elle m'a pris
Au dépourvu, tant pis...
J'ai eu si mal au coeur
Sur la mer en furie
Qu'j'ai vomi mon quatre-heures
Et mon minuit aussi
J'me suis cogné partout
J'ai dormi dans des draps mouillés
Ça m'a coûté des sous
C'est d'la plaisance, c'est le pied !
{refrain}
« C'est pas l'homme qui prend la mer
C'est la mer qui prend l'homme »
Mais elle prend pas la femme
Qui préfère la campagne
La mienne m'attend au port
Au bout de la jetée
L'horizon est bien mort
Dans ses yeux délavés
Assise sur une bitte
D'amarrage, elle pleure
Son homme qui la quitte
La mer c'est son malheur !
{refrain}
« C'est pas l'homme qui prend la mer
C'est la mer qui prend l'homme »
Moi la mer elle m'a pris
Comme on prend un taxi...
Je f'rai le tour du monde
Pour voir à chaque étape
Si tous les gars du monde
Veulent bien m'lâcher la grappe
J'irai z'aux quatre vents
Foutre un peu le boxon
Jamais les océans
N'oublieront mon prénom...
{refrain}
« C'est pas l'homme qui prend la mer
C'est la mer qui prend l'homme »
Moi la mer elle m'a pris
Et mon bateau aussi
Il est fier mon navire
Il est est beau mon bateau
C'est un fameux trois-mâts
Fin comme un oiseau
Mais Tabarly Pajot
Kersauzon et Riguidel
Naviguent pas sur des cageots
Ni sur des poubelles !
{refrain}
« C'est pas l'homme qui prend la mer
C'est la mer qui prend l'homme »
Moi la mer elle m'a pris
Je m'souviens, un vendredi
Ne pleure plus ma mère
Ton fils est matelot
Ne pleure plus mon père
Je vis au fil de l'eau
Regardez votre enfant
Il est parti marin
Je sais c'est pas marrant
Mais c'était mon destin
{refrain} bis
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