15 ans du matin *
A 15 ans du matin
j'ai pris par un drôle de chemin
des épines plein les bras
je me suis troué la peau mille fois
A 18 ans du matin
j'étais dans un sale pétrin
jouant du poing de la chignole
de la cambriole du vol de bagnoles
Ça fait du temps maintenant inexorablement
passe le temps qui tue les enfants
A 18 ans du soir j'ai perdu la mémoire
A 20 ans du matin j'ai vraiment connu l'amour
qui devait rimer avec toujours il a rimé avec hier
A 23 ans du matin tout seul comme tout un chacun
les yeux grands ouverts de ne rien voir
j'ai peint des tableaux tout noirs
Ça fait du temps maintenant inexorablement
passe le temps qui tue les enfants
A 23 ans du soir j'ai perdu la mémoire
A 24 ans du matin la mort m'a serré la main
et en me tapant un coup dans le dos
elle m'a dit salut et à bientôt
A 27 ans du matin j'ai chopé ma putain de guitare
et à grand coup de butoir j'écrase le cafard
Ça fait du temps maintenant inexorablement
passe le temps qui tue les enfants
A 30 ans du soir je t'abandonne ma mémoire
Chacun sa peine *
Sur le quai chacun sa peine
y'a des mariniers qui pleurent
et de leur tas de tôles moisies
on entend monter leur cri
et sur la tête de ma mère
moi je te jure qu'elle est belle la vie
et sur la tête de tous mes frères
pas sur la tête de mon chien lui c'est mon copain
sur le quai chacun sa peine
y'a des mariniers qu'ont du chagrin
et qui cultivent leur haine du soir au matin
y'a plus de gazoil dans les cuves
y'a plus que des chiens qui s'usent
les dents plantées dans la ferraille et qui livrent l'ultime bataille
Sur le quai chacun sa peine
Sur le quai chacun sa peine
il suffirait vraiment d'un rien
il suffirait qu'on les aime
pour que les hommes pensent à demain
il suffirait qu'elles reviennent
les femmes parties avec de vrais marins
que le tour du monde les ramène jusqu'au canal Saint Martin
sur le quai chacun sa peine...
sur le quai chacun sa peine
y'a des mariniers qui pleurent
et de leur tas de tôles moisies
on entend monter leur cri
et sur la tête de ma mère
moi je te jure qu'elle est belle la vie
et sur la tête de tous mes frères
pas sur la tête de mon chien lui c'est mon copain
sur le quai chacun sa peine...
Allez viens *
Allez viens
Nous construirons ensemble
La nouvelle, la nouvelle déchirure
Et je sais
Y'a des trucs qui s'oublient pas
Mais moi tu sais, j'oublie rien
Allez viens
Et c'est toi que j'pleurai demain
Quand tu m'auras laissé
Quand tu m'auras repris
Bien plus que tu m'auras donné
Allez viens
Y'a qu'à faire semblant de rien
Juste un peu fermer les yeux
Rien qu'y croire un tout p'tit peu
Allez viens
Pleures dans mes bras
Tu vois y'a mille et une raisons
De pas rester seul comme un chien
Allez viens
Et c'est toi que j'pleurai demain
Quand tu m'auras blessé
Quand tu m'auras griffé
D'un regard trop lointain
Quand t'auras tout dis
Sans un mot
Dans l'arrière salle d'un bistrot
Et c'est toi que j'pleurai demain
Quand tout Paris me demandera
Et pourquoi ?
Et pourquoi ?
Et pourquoi t'es plus là ?
Allez viens
C'est sur qu'on peut rester tout seul putain
Mais on a vraiment toute la vie pour ça
Allez viens
Laisse toi faire
On laissera nos casseroles au vestiaire
On ouvrira un peu les yeux
On s'sentira un peu moins vieux
Et c'est toi que j'pleurai demain
Quand tu m'auras laissé
Quand tu m'auras repris
Bien plus que tu m'auras donné
Et c'est toi que j'pleurai demain
Quand tu m'auras laissé
Quand tu m'auras repris
Bien plus que tu m'auras donné
Allez viens
La barre est dure*
La barre est dure
Tiens la bien
Des deux reins
Ta victoire est amère
Tout un monde englouti
Un peu salé et le canal résonne
La glace sous la proue
Qui pleure et gémit
Comme tes deux pieds Gelés
Tiens la bien
Déchire cette eau
A grand coup d'hélice
Ta victoire est si triste
Elle n'appartient qu'à toi
Comme le vent dans ton cou
Comme ta sueur qui navigue
Entre ta peur et ton courage
Ta victoire est si vaine si lointaine
Lourde trop lourde
De glace et de graisse
Tiens la bien
Tu oses toi même y croire
Quand tu mens à tes deux mains
Qui pleurent ta victoire si froide
Plantée dans la mousse
Des parois d'écluses qui suintent
Comme le désir d'en finir
D'un coup d'un seul
Dans ses bras là-bas
Tiens la bien ses yeux
Ses cheveux tout noirs
Mais tu sais bien que non
Mais tu sais vraiment rien pauv'con
Ta victoire est si pure
Si seule si dure
Ta victoire est si vaine
Qu'elle ne peut qu'être belle
Tiens la bien.
Au creux de ton bras *
Ça fait des heures que tu l'attends
T'as mal aux os, t'as mal au dos
Tu transpires, c'est pas parce qu'il fait chaud
Et tu trembles, c'est pas parce que t'as froid...
Et tu l'attends le salaud
il prend son temps
il sait qu'il aura ton argent
tu ferais n'importe quoi pour avoir ton petit képa
Tu voudrais la sentir déjà
au creux de ton bras,
la femme de ceux qui n'en ont pas
Tu le vois venir de loin
c'est ton soleil qui revient
avec sa sale petite gueule d'enculé qu't'es sûr
que ce mec là il va t'arnaquer
Mais déjà tu flippes
comme un chien
de peur qu'il te dise qu'il n'a rien
et quand il tend sa merde avec mépris
tu vas même jusqu'à lui dire merci
Tu voudrais la sentir
déjà au creux de ton bras,
la femme de ceux qui n'en ont pas
Tu cours dans une sanisette
et là pour toi c'est la fête
et là avec l'eau de la cuvette
tu prépares ta petite dinette
Eet quand enfin tu plantes ton pieu
dans ton bras devenu noueux
et que le rouge se mèle au blanc
c'est la fin du tourment
Tu la sens maintenant au creux de ton bras,
la femme de ceux qui n'en ont pas
Eet tu piques du zen dans la rue
et déjà tu te souviens même plus
de qui t'étais avant du temps où t'avais des
couilles où t'étais fier
du temps où t'avais même des rêves
Et tu piques du zen dans la rue
j'ai comme envie de te botter le cul
mais j'ai bien trop peur de te casser en deux
tellement que t'as l'air d'un p'tit vieux
Avec là au creux de ton bras,
la femme de ceux qui n'en ont pas
elle est vieille ta femme,
elle est trop vieille pour toi...
Allo Paris
!
morceau coupé
Allo Paris il est si tard
Les doigts collés au combiné
Je relance encore avec l'espoir
De te parler j'ai beau savoir
Que ça me fout le cafard
Je peux pas m'empêcher d'y croire
La nuit sonne ses derniers coups
J'irai jusqu'au bout
J'aurais voulu quelque chose de bien
J'aurais voulu que tu me dises viens
Et là debout sur le trottoir
Comme chaque soir je te raconte
L'histoire des larmes de rue
Dans les bars qui puent les regards moisis
Et les corps meurtris
Allo Paris tout est fini
Et putain Je suis fatigué
J'aurais voulu quelque chose de bien
J'aurais voulu que tu me dises viens
Allo Paris tout est fini
Tu m'as tout pris même l'envie
Tu ne te souviens plus de rien
Tu oublies un peu plus chaque matin
Ta mémoire coule le long des trottoirs
En noyant mon désir dérisoire
J'aurais voulu quelque chose de bien
J'aurais voulu que tu me dises viens
J'aurais voulu tout est fini
J'aurais voulu
Tout est foutu
Allo paris
J'aurais voulu
Pas du Gâteau
Y'en avait plein les jardins
Y'en avait plein les cours d'immeubles
Des p'tits bambins
Des p'tis parisiens
Et même des p'tits gavroches
Les deux mains au fond des poches
Qui te matent en coin
Avec des têtes de p'tits malins
Alors j'ai dit
Allez viens mignonne
Allez viens on en fait un
on l'tiendra par la main
Tous les trois
on rigolera bien
Mais c'est là que t'as dit
Qu'la vie c'est pas du gâteau
Et qu'on fera pas de vieux os
On fera pas d'marmots
Pour leur gueuler tout haut
Qu'la vie c'est pas du gâteau
Même si je gagne pas ma vie
Et même si j'ai le SIDA
moi ça m'coupe pas l'envie
moi j'me dis ouais pourquoi pas
J'voudrais mordre à pleine dents
Dans les joues roses d'un enfant
J'lui dirai salut mon p'tit gars
lui m'dirait salut papa
J'l'emmenerais faire des conneries
Tous les trucs qui sont pas permis
Comment kèttera les meufs
Comment c'est qu'on fait la teuf
Moi tu vois avant d'crever
J'voudrais laisser couler
D'la morve d'un petit nez
Un p'tit sourire
un p'tit bout d'éternité
Tu m'dis que tout ça c'est des fantasmes
Et j'ai du mal à t'contredire
Mais j'voudrais quand même
Laisser une trace
Avant d'partir
Avant d'mourir
Et même si la vie
C'est pas du gâteau
Et qu'on fera pas de vieux os
On fera pas d'marmots
Pour leur gueuler tout haut
Qu'la vie c'est pas du gâteau
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