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Résumé |
Le filmOn peut déjà imaginer que Avalon restera le chef-d'uvre de Mamoru Oshii. Une préparation de 10 ans, un tournage entièrement réalisé en terre inconnue (la Pologne), des techniques cinématographiques et des effets spéciaux d'avant-garde, et enfin et surtout, un scénario dont l'apparente simplicité cache une extrême complexité. Mamoru Oshii était jusque-là connu pour ses réalisations dans le domaine de l'animation : citons les célèbres Ghost in the shell, Jin-Roh, Blood et Patlabor, sans oublier les séries qui ont bercé notre enfance télévisuelle (ces titres français ne vous sont pas inconnus : La bataille des planètes, Nils Olgerson, Lamu). Ce que l'on sait moins, c'est que parallèlement à son entrée dans le monde de l'animation en 1977, Oshii devient très vite réalisateur pour la télévision japonaise en 1978, puis pour le cinéma en 1984, date à laquelle il devient "freelance". Cette indépendance lui permettra de réaliser des films d'animation, des films "live" (avec des prises de vues réelles et de vrais acteurs), et également de mélanger les deux. Cette brève biographie nous permet d'appréhender la vision "multimédia" (pour employer un terme à la mode) de ce réalisateur qui ne se fixe jamais de limite dans sa créativité. Ainsi, nous comprenons mieux les différents ingrédients qui constituent Avalon : science-fiction, dessin-animé, jeux vidéos, légendes arthuriennes, de nombreux "supports" (encore un mot à la mode) servant un même concept, celui-là même qui donne son titre au film. Car Avalon n'est pas qu'un film, ce sont de multiples approches autour d'une idée centrale, d'une interrogation métaphysique : "Pouvons-nous vivre exclusivement par le truchement d'un jeu ? Un fantasme juvénile (Avalon) peut-il se substituer à la "vraie" vie (notre vision traditionnelle de la vie) ?" qui nous conduisent à cette complexité cachée dont je parlais plus haut. Avalon est donc un film intelligent. Dans sa thématique, on peut le comparer à d'autres films qui abordent plus ou moins le même sujet dont notamment Matrix, la comparaison se justifiant d'autant plus que Mamoru Oshii lui-même avoue s'être inspiré du film des frères Wachowsky et leur avoir même rendu hommage dans certains plans. Mais même si les deux films parlent d'une "réalité virtuelle" nous empêchant de cerner la "vraie vie", ils sont radicalement différents, à tout niveau que ce soit. Si je vous donnais mon avis sans détour sur ces deux films, je vous dirais que "Avalon est finalement ce que j'avais espéré que Matrix fût". Oui, Avalon fût un soulagement dans le sens où il est ce que Matrix aurait dû être : un Matrix réussi et intelligent donc, qui ne se limite pas à en mettre plein la vue et à remettre la réalité en cause par un scénario simpliste (simpliste dans le sens où il n'invite pas à la réflexion, posant un postulat qui n'a d'autre intérêt qu'être un prétexte à des effets spéciaux à tout bout de champ). Désolé pour les fans de Matrix, mais il faut bien que les choses soient claires : Avalon nous invite à nous interroger sur des questions métaphysiques que notre époque soulève (dans le genre "la technologie ne nous fait-elle pas oublier le sens de la vie ?") alors que Matrix nous impose une vison très rigide de la réalité (dans le genre : "il y a un complot qui nous fait croire qu'on est vivants et heureux, mais en fait on est manipulés"). Ce n'est pas pareil. Même s'il est vrai que la société nous manipule et que nous sommes aliénés par notre système, Matrix ne nous apprend finallement pas grand chose. Mais parlons de la forme maintenant : loin des gros effets spéciaux hollywoodiens de Matrix, Avalon nous immerge dans un univers stylé où les transformations numériques sont tellement subtiles qu'elles passent inaperçues (héhé, voilà une forme qui illustre bien le fond). Bien sûr il y a des effets visuels qu'on ne peut pas rater (image au grain traffiqué, lumières étranges, incrustations, 3D et images de synthèse...) mais ce n'est pas de ça que je veux vous parler, il s'agit de retouches tellement fines qu'elles sont pratiquement indécelables : en particulier sur le visage du personnage principal. En effet, bien que personne réelle à la base, Ash possède des attributs entièrement numériques (yeux, cheveux, mouvements, etc. ) si bien que l'actrice qui l'interprète dût signer une décharge comme quoi son image fixée sur pellicule ne lui appartenait plus et serait sujette à modifications. En outre, Avalon est superbement filmé, nous immergeant dans une atmosphère irréelle très soignée, avec des décors "underground" hallucinants et des dialogues, peu abondants mais précis. Dans Avalon rien n'est superflu et la forme sert toujours le fond. Rien n'étant dû au hasard, on peut qualifier ce film d'uvre de maître. Poétique, fasciant, évocateur, visionnaire, dont l'ambiance étrange ne cesse de croître jusqu'à une fin à la Kubrick : pertinente, riche de contenus et surtout qui ne laisse pas de repos à notre esprit, nous assaillant de questions qui ne nous lâcherons pas de sitôt. Qui peut affirmer avec certitude avoir compris la fin de Avalon, à l'instar de celle de 2001 ? Et je ne parle pas du Grand bleu tant il est évident qu'à la fin le héros se transforme en dauphin (un brin d'humour ne fait pas de mal). |
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Le dvdPour un film aussi stylé et soigné, il fallait une très belle édition dvd, voilà qui est réussit : un digipack très joli qi se déplie en 4 volets et nous offre un livret cartonné signé Mad Movies (vous savez, le magazine de ciné fantastique dont la création remonte aux mythiques années 80), et deux dvd, le deuxième étant bien-sûr réservé aux bonus. rien à redire sur la qualité visuelle/sonore du film : image très bonne (format cinéma respecté), son très bon offrant les deux versions règlementaires : VF et VOSTF. On regrettera une fois de plus l'absence de version DTS (pour la VO par exemple), car ceux qui sont équipés d'un soundsystem 6 canaux avec décodeur DTS auront certainement remarqué le gain de dynamique qu'offre ce format par rapport au Dolby digital. Pour les ignares, rappelons les principales différences de ces deux formats : le Dolby digital offre jusqu'à 6 canaux numériques indépendants en 16-bits 48 kHz. Le son est compressé (comme pour le MP3) par un algorythme de chez Dolby : le AC-3. Pourquoi une compression ? Parce que sur une copie cinéma, les données sont stockées entre les perforations, à droite de l'image, et la place y est limitée. Le DTS, lui (développé par Universal/MGM) offre 6 canaux numériques indépendants (ou plus) en son non compressé (PCM) avec une qualité bien supérieure puisqu'allant jusqu'à 24-bits 96 kHz. Le son n'est pas compressé (comme un CD audio ou un fichier .wav sur pc), il est donc plus proche de la réalité, plus clair et offre une meilleure dynamique. En copie cinéma, le son DTS ne se trouve pas inscrit sur le film, il est gravé sur des disques optiques numériques, l'espace entre les perforations du film étant réservé au time-code pour la synchronisation du son avec le projecteur. Maintenant vous voyez que le DTS offre une qualité bien supérieure au Dolby digital. Dans la pratique, le DTS offre un son plus clair et surtout beaucoup plus puissant (plage dynamique plus élevée). Pour revenir au dvd d'Avalon, le deuxième disque nous offre plus de 5 heures de suppléments qui sont destinés aux fans du film, aux cinéphiles curieux ou aux étudiants en cinéma. Tous y trouveront leur bonheur, je n'en doute pas, même si, je l'avoue, je ne les ai pas regardés... et oui, un bon film doit parfois garder ses secrets pour ne pas perdre sa magie ! |
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